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Gabegie est né en 2004, à une époque où je cherchais à dépasser les structures traditionnelles du théâtre pour plusieurs raisons : volonté de monter des spectacles de manière plus souple, plus rapide, sans les contraintes d'une programmation complexe... Désir de travailler avec certains comédiens que j'affectionne, mais qui sont parfois très pris par leurs propres tournées... Et surtout, une envie furieuse de me frotter au réel, à la réaction rapide à l'actualité, à ce que le théâtre peut permettre, mais sans se l'autoriser suffisamment : l'immédiateté. Certes, des choses équivalentes ont déjà été accomplies. Mais Gabegie a pour lui d'utiliser la structure traditionnelle du théâtre, la fiction, avec son lot de personnages et de situations, pour avaler et digérer le réel, avant de le régurgiter en un temps record : un opus traditionnel est monté en 8 jours à peine, écriture et répétitions incluses. Quant à Gabegie : Apocalypse 2012, sa structure particulière a demandé quatre mois de travail, musique et texte compris. Mais attention : la toute dernière partie du spectacle ne sera créée qu'une semaine avant la première, afin de coller au mieux à l’actualité de la campagne présidentielle !
Gabegie est donc un concept vide, animé par un humour corrosif et une cocasserie qui me sont chers. Ce concept vide, au final, ce sont les aléas de l’actualité, l'ambiance politique et sociale, tel ou tel fait divers, voire les commandes des lieux qui viennent le remplir. Lorsque nous sommes programmés au théâtre du Rond-Point, dans le cadre de son « Université » (festival du Rire de Résistance), eh bien nous jouons le jeu de la fausse conférence qui tourne mal. Et quand nous sommes invités à participer au festival de Grand Guignol Ca Bute à Montmartre, nous déclinons pour la première fois notre concept sur une durée longue (24 représentations), en y ajoutant toute la cruauté et l'ambiance du théâtre de l’épouvante, mais tout en gardant ce regard féroce sur le monde moderne, ce rapport à chaud au réel. Décidément, après 7 ans et 16 opus différents, Gabegie n'a pas fini de surprendre son monde, moi y compris !
Jean-François MARIOTTI
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