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NOTE D'INTENTION
La première fois que j'ai lu Copi, c'était en 1999, alors que je fouillais dans les rayonnages de la fnac pour trouver une scène moderne écrite pour les femmes, les partenaires masculins étant souvent trop prisés au Cours Florent. Je fus alors extrêmement surprise de lire qu'un personnage s'appelait Irina dans une pièce intitulée L'homosexuel ou la difficulté de s'exprimer, et d'apprendre que Copi était argentin, comme mes deux parents. Quelques temps plus tard, j'appris que cette pièce était jouée au studio de l'Ermitage par un de mes professeurs, Michel Fau, accompagné de Celine Millat-Baumgartner et Claude Degliame. Le metteur en scène n'était autre que Jean-Michel Rabeux, qui allait devenir mon professeur trois années plus tard. Ce fut pour moi un véritable choc théâtral, qui allait me décider à passer le concours du Conservatoire afin de me donner toutes les chances d'approcher au plus près de ce qui me faisait tant rêver. Je passais alors un extrait de La nuit de madame Lucienne, dans le rôle de l'auteur, et obtint le premier tour.
Ravie d'obtenir le concours d'entrée dans ce prestigieux établissement, j'ai eu toutefois de grandes difficultés en première année à apprécier l'enseignement, fondé sur la plus grande des disciplines.
C'est pourquoi je décidai de travailler en dehors des cours, sur la pièce de Copi La nuit de madame Lucienne, en endossant le rôle de l'auteur.
Je confiais les autres rôles à des amis de promotion, rencontrés depuis peu, chez qui j'avais décelé une certaine folie, nécessaire dans l'interprétation des personages de Copi. Nous avons tous pris un immense plaisir à jouer cette "carte blanche" au sein du Conservatoire, et nous sommes promis de le reprendre une fois nos etudes terminées. Ce fut chose faite le lundi 19 juin 2006 au Studio de l'Ermitage.
LE DECOR
L'action décrite dans la pièce se passe dans un théâtre. La didascalie initiale précise qu'un escalier partant de la scène permet d'utiliser l'allée centrale.
Or le premier monologue de la comedienne principale, Françoise Brionska, se passe sur la lune. On peut donc imaginer qu'une partie de la scène est décorée comme si on était sur la lune, avec ses cratères, sa couleur bleuâtre et sa vue sur les autres planètes et étoiles du système solaire. Ainsi, l'auteur indique-t-il précisément que la scène où se déroule l'action se situe dans un "ailleurs".
Cet "ailleurs" est un microcosme où tout peut arriver, et l'isolement relatif avec le monde extérieur est clairement notifié.
Dehors, c'est le métro, les gares, les boîtes de nuit, les cabines téléphoniques, les tabacs, la drague, les travelos, les clochards;
Dedans, c'est le rêve, le stress de la première, les rivalités entre comédiens, les sentiments, l'imagination.
Une seule chose gronde et menace dans les deux mondes : la mort.
L'ANGOISSE DE LA MORT
On ne sait pas exactement à quel moment Copi a su qu'il allait mourir prématurément, mais la plupart de ses pièces sont empreintes de cette angoisse.
Seulement, Copi a sa façon de transformer son angoisse en humour, une façon de réfléchir et d'agir que j'ai d'ailleurs remarquée chez beaucoup d'argentins, une sorte d'humour grinçant, assez british.
Ainsi, chez Copi, quand on meurt, on ressuscite, comme dans les quatre jumelles, quand on est victime d'un attentat, on est un peu défiguré mais on n'a pas vraiment changé, comme dans La nuit de madame Lucienne.
Ce qui est assez troublant dans cette pièce de Copi, c'est que l'auteur mêle la fausse mort à laquelle on ressuscite avant la tombée du rideau, à la vraie-fausse mort de laquelle on ne se relève qu'une fois les spectateurs partis.
A ce sujet, la fin de la pièce, déroutante, offre pléthore d'interprétations;
Une fois tous les protagonistes morts puis ressuscités, l'auteur est confronté à la vraie femme de ménage qu'il a integrée contre son gré à la fiction, et il le paiera de sa vie. Si la pièce est bien interprétée, je pense que l'on doit être partagé entre un sentiment de peine et de justice concernant cette mort, entre malaise et sourire, peur et rire, sans jamais frôler la déprime et l'abattement, et c'est là tout l'art de Copi.
Irina Solano
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